Accueil
Articles en ligne

Centre St Paul

MetaBlog

TradiNews

Rue Saint Joseph à Paris…
Le tout nouveau Centre Saint-Paul

Interview de l'abbé G. de Tanoüarn
Propos recueillis par Dominique Molitor

Pacte n°93 - mai 2005

Dominique Molitor : M. l’abbé, vous venez de créer un Centre Culturel Chrétien et vous insistez beaucoup sur cette dénomination. Pour quelle raison ?

Abbé Guillaume de Tanoüarn : La culture chrétienne est un enjeu capital pour l’à venir de la foi chrétienne. Lorsque j’emploie le mot culture, je n’envisage pas forcément une masse de connaissances qu’il faudrait mémoriser. Je veux parler d’une forme d’appropriation de la foi ou si vous voulez d’une méditation de la foi, d’un retour que chacun doit effectuer sur sa propre foi. Le drame aujourd’hui pour beaucoup de chrétiens, c’est que cette appropriation personnelle de la foi est devenue difficile. Le scientisme toujours présent, le matérialisme ambiant, la légende noire du christianisme, inventée par Voltaire et qui ne cesse de marquer les esprits, à travers la mode de la repentance, et puis le droit de l’hommisme dans tous ses états, voilà qui sont autant d’obstacles à vaincre, en soi-même, pour accéder à cette culture chrétienne, c’est-à-dire à la possession tranquille de la foi. Une paroisse ordinaire n’offre pas forcément cette possibilité d’un accès libre aux richesses de la culture chrétienne. Je parle de richesses : comprenez que cette culture représente 2 000 ans de méditation, de réflexion, de débats, d’écriture. La Tradition chrétienne est la seule dans l’histoire de l’humanité à être quasiment inépuisable. Et on ne doit pas la conjuguer seulement au passé ! Aujourd’hui encore la culture chrétienne fleurit à travers la richesse d’une certaine exégèse biblique par exemple, ou bien encore à travers l’anthropologie d’un René Girard. Ajoutons les progrès considérables de l’historiographie, dont Jean Sévillia a dressé un premier bilan dans Historiquement correct. Il est urgent de diffuser ces richesses intellectuelles, pour que les fidèles, qui ont un peu de temps et d’énergie pour travailler personnellement, puissent réapprendre la vraie fierté chrétienne, non pas celle du Pharisien, qui est faite de mépris pour le prochain, mais celle que nous enseigne le Christ lui-même, qui trouve son ressort dans la gratitude pour le don de Dieu : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? »

Dans tout cela finalement la liturgie n’a que peu de place. Ne cédez-vous pas à une sorte d’intellectualisme ?

Pas du tout ! L’intellectualisme est l’apanage de quelques grosses têtes un peu perdues. La culture est vraiment universelle. Je ne résiste pas à invoquer Pierre Desproges, qui affirmait subtilement : « La culture, c’est comme un parachute, quand on n’en a pas, on s’écrase ». S’il faut parfois prendre les humoristes au pied de la lettre, je crois bien que c’est l’occasion !

Mais trêve de plaisanterie ! Vous me parlez de liturgie. Je crois que la liturgie est tout naturellement au cœur de la culture chrétienne. Et c’est pourquoi, non seulement nous proposons à qui veut quatre messes par dimanche (9 h 00 ; 11 h 00 ; 12 h 30 et 19 h 00), mais nous veillons à ce que ces messes soient belles. La présence agissante d’Armelle Doutrebente est une aide importante, pour le chant d’abord, mais aussi pour les ornements et tout ce qui concerne la sacristie. Il ne s’agit pas de céder à la tentation de la préciosité ou du maniérisme, mais, encore une fois, d’utiliser tous les trésors de la Tradition, dans l’acte sublime de la messe, qui réalise la grande transposition chrétienne, en nous faisant passer d’un monde à l’autre, par le sacrifice du Christ. La beauté est un appel, disait déjà Platon, en jouant sur les mots en grec (kalos/kallein). De manière sans doute un peu ingénue, un paroissien évoquait récemment devant moi « la douceur » de notre chapelle. Son expression m’a frappé, et, pourquoi le nier ? Elle m’a fait plaisir. Sans doute avait-il perçu cet appel à sa manière !

>>>(suite du texte)>>>