Le
succès mondial du « Da Vinci Code » était prévisible. Comment
résister au plaisir trouble de «découvrir» des informations
dissimulées depuis deux millénaires ? Et si les révélations en
question mettent en cause l’Eglise Catholique Romaine, la curiosité
malsaine se mue en impératif catégorique, voire en injonction d’hygiène
morale : tout ce qui tend à démolir Rome contribue au travail de la
police de la pensée. Accessoirement, cela permet aussi de pourrir la vie
du brave curé de Saint Sulpice. Le mal semble même s’étendre, puisque
dans d’autres paroisses parisiennes, non moins vénérables, des curieux
cherchent des obélisques qui n’y ont jamais existé.
Mais
soyons sérieux. Si le « Da Vinci code » n’est qu’une
affabulation, il ne s’en appuie pas moins sur des faits authentiques, et
autrement inquiétants. Il faut ici évoquer une réalité peu connue, y
compris des écrivains ecclésiastiques les plus respectables, nous
voulons parler, bien sûr, de la secte très discrète des Batrachites.
L’existence
des Batrachites est attestée depuis les débuts de la Chrétienté. Les
pères de l’Eglise les mentionnent, sans cependant s’y arrêter. Au
XIVème siècle, Nicolas Eymerich en parle dans son « Manuel de
l’inquisiteur », ce qui prouve sans contestation possible que la
secte existait encore à son époque, soit un millénaire après sa
création. Plus tard, les textes se font plus allusifs. On ne parle plus
explicitement des Batrachites, soit par ignorance, soit, plus sûrement
par l’effet des manœuvres occultes de la secte. Son influence, il est
vrai, va toujours s’étendant. Batrachites, les Templiers, Batrachites
encore Jean de Meung, auteur du Roman de la Rose,
Batrachites enfin Erasme, Rabelais et Montaigne, sans
parler de Malherbe, Scarron et Cyrano de Bergerac.
Plus
tard, on retrouve la secte Batrachite à l’œuvre avec le Jansénisme,
puis l’affaire des convulsionnaires de Saint Médard, en attendant la
conflagration révolutionnaire qui vit à l’œuvre les dignitaires les
plus occultes de la secte. Alors que l’on retrouve plus de francs-maçons
chez les Emigrés que sur les bancs de la Convention, ce sont les
Batrachites qui mènent vraiment le jeu. En veut-on une preuve décisive ?
Il suffit de se rappeler le rôle du Marais dans l’Assemblée
révolutionnaire. Le mot Batrachites ne vient-il pas du terme grec qui
désigne la grenouille, l’animal des marais ? Si l’on se souvient
que ce même Marais a savamment pesé de tout son poids, lors de la
condamnation à mort du Roi, puis pendant la Terreur, et enfin avec la
chute de Robespierre, comment ne pas conclure à l’influence
déterminante de ce groupe occulte et trop souvent oublié des historiens
(y compris hélas de l’abbé Barruel). On doit aussi mentionner
parmi les Batrachites du XIXème siècle des personnalités telles qu’Hégésippe
Simon, le fameux « éducateur de la démocratie ».
Aujourd’hui,
la secte batrachite est toujours bien présente, y compris chez les
catholiques où elle poursuit son lent et implacable travail d’infiltration.
Aux dernières nouvelles, selon le journaliste Ringart du Sac, la secte
exercerait ses ténébreuses activités dans tous les milieux, qu’ils
soient progressistes ou traditionalistes. Son siège serait une
mystérieuse demeure en province (mais d’autres sources parlent de la
proche banlieue parisienne), gardée par des meutes de chiens féroces. C’est
de là qu’émanent les directives crétinisantes et paranoïaques
élaborées par les hauts dignitaires.
Méfions
nous, les Batrachites sont parmi nous. |