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Liturgie : le non-dit pèse de plus en plus lourd

Jean Michel Hardy

Pacte n°91

La crise liturgique « n’est pas simplement un fantasme des traditionalistes ennemis de la réforme ». Dans un récent article de la revue Trente jours, le cardinal Ratzinger recommande la lecture d’une thèse soutenue à Londres par le Père Alcuin Reid, bénédictin de Farmborough sur le développement organique de la réforme liturgique. Le Préfet du Saint Office retrouve à l’évidence dans ce texte universitaire un certain nombre de ses préoccupations. Lorsqu’il déclare : « Nous avons oublié l’essentiel : Dieu », il n’hésite pas à paraître dans la posture de celui qui enfonce les portes ouvertes. Il est trop clair pourtant que le souci pastoral peut cacher des a priori culturels humains trop humains, et en particulier dans les années 60 une tendance à la rationalisation du rite. On retrouve au passage une idée largement développée il y a quelques années par un autre Anglais Adam Nichols. Le cardinal note que le souci pastoral d’aujourd’hui est plutôt à l’inverse dans un effort pour recréer du sacré pour réintroduire du religieux. Nous sommes dans un mouvement de balancier assez typique. En réalité, demande le cardinal, il faut dépasser le balancier et retrouver une forme de vérité liturgique, qui domine les aléas de l’histoire. Où la chercher ? Comment la trouver ?

Le cardinal Ratzinger apprécie la démarche d’Alcuin Reid, qui a eu la sagesse de travailler sur la longue durée en mettant de côté les péripéties conciliaires et post-conciliaires et en s’arrêtant très longuement sur les réalisations du mouvement liturgique à l’époque de Pie XII, réalisations présentées comme autant de modèles de fidélité à la tradition vivante. Le cardinal ne critique pas ouvertement Vatican II, mais il remarque que ce mouvement liturgique (dont le Père Bouyer fut, en France l’une des grandes figures) n’existe plus aujourd’hui : « Ceux qui comme moi, ont été marqués par cette conception dans la phase du mouvement liturgique à la veille du concile Vatican II, ne peuvent que constater avec une profonde douleur la destruction de ce qui tenait à cœur à ce mouvement ».

A travers cet article dont la substance n’est accessible - il est vrai - qu’aux spécialistes, le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi semble recommander, comme solution à la crise liturgique, un retour à Pie XII – ce qui ne manque pas de sel à l’heure où le terrorisme liturgique réformé sévit encore dans les diocèses... Question au cardinal : faut-il vraiment préférer la messe de Pie XII à la messe de Paul VI ?