La
crise liturgique « n’est pas simplement un fantasme des
traditionalistes ennemis de la réforme ». Dans un récent article de
la revue Trente jours, le cardinal Ratzinger
recommande
la lecture d’une thèse soutenue à Londres par le Père Alcuin
Reid,
bénédictin de Farmborough sur le développement organique de la réforme
liturgique. Le Préfet du Saint Office retrouve à l’évidence dans ce
texte universitaire un certain nombre de ses préoccupations. Lorsqu’il
déclare : « Nous avons oublié l’essentiel : Dieu », il n’hésite
pas à paraître dans la posture de celui qui enfonce les portes ouvertes.
Il est trop clair pourtant que le souci pastoral peut cacher des a priori
culturels humains trop humains, et en particulier dans les années 60 une
tendance à la rationalisation du rite. On retrouve au passage une idée
largement développée il y a quelques années par un autre Anglais Adam
Nichols.
Le cardinal note que le souci pastoral d’aujourd’hui est plutôt à l’inverse
dans un effort pour recréer du sacré pour réintroduire du religieux.
Nous sommes dans un mouvement de balancier assez typique. En réalité,
demande le cardinal, il faut dépasser le balancier et retrouver une forme
de vérité liturgique, qui domine les aléas de l’histoire. Où la
chercher ? Comment la trouver ?
Le
cardinal Ratzinger apprécie la démarche d’Alcuin Reid, qui a eu la
sagesse de travailler sur la longue durée en mettant de côté les
péripéties conciliaires et post-conciliaires et en s’arrêtant très
longuement sur les réalisations du mouvement liturgique à l’époque de
Pie XII, réalisations présentées comme autant de modèles de
fidélité à la tradition vivante. Le cardinal ne critique pas
ouvertement Vatican II, mais il remarque que ce mouvement liturgique (dont
le Père Bouyer fut, en France l’une des grandes figures) n’existe
plus aujourd’hui : « Ceux qui comme moi, ont été marqués par
cette conception dans la phase du mouvement liturgique à la veille du
concile Vatican II, ne peuvent que constater avec une profonde douleur la
destruction de ce qui tenait à cœur à ce mouvement ».
A
travers cet article dont la substance n’est accessible - il est vrai -
qu’aux spécialistes, le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de
la foi semble recommander, comme solution à la crise liturgique, un
retour à Pie XII – ce qui ne manque pas de sel à l’heure où
le terrorisme liturgique réformé sévit encore dans les diocèses...
Question au cardinal : faut-il vraiment préférer la messe de Pie XII à
la messe de Paul VI ? |