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Mettre la cathophobie hors la loi

Joël Prieur

Pacte n°90 - janvier 2005

Les catholiques traditionalistes proches de la Fraternité Saint-Pie X ont convoqué un vaste public à l’enseigne des Cercles de Tradition, pour célébrer à leur manière le Centenaire de la Loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Surprise ! Sur un sujet particulièrement ardu, près de 1 600 personnes se sont pressées toute la journée dans les locaux de la Mutualité. Alors qu’il est très difficile aujourd’hui d’intéresser un public à un sujet qui dépasse la vie quotidienne, la salle – volontiers enthousiaste, parfois vibrante – témoignait à elle seule du poids de la circonstance.

Une triste exception française

Jusqu’à ce jour, il faut bien reconnaître que les catholiques étaient restés étrangement discrets sur le sujet. Comme me l’explique en coulisse Christophe Mahieu, porte parole officiel des Cercles de Tradition, « il faut bien reconnaître que sur ce point comme sur beaucoup d’autres les évêques donnent le mauvais exemple. Le discours de Mgr Dagens ou de Mgr Doré est le même que celui des laïques les plus convaincus ».  Le personnage était devant moi, un intellectuel manifestement, mais qui n’a rien d’un idéologue. Son sourire, sa bonhomie semblent faits pour mettre toujours l’interlocuteur de son côté. Il est visiblement enchanté du tour que prennent les événements : « Ce succès dépasse toutes nos espérances » me confie-t-il en se dirigeant vers la scène pour présenter l’intervenant suivant… Les organisateurs sont manifestement surbookés. Je me rabats donc sur mon ami Serge De Beketch que j’aperçois près de son stand du Libre Journal de la France courtoise (1) et qui est intervenu dans le premier débat de la Matinée, celui qui s’intitulait : «L’égalité des religions, un dogme laïque ». Je lui demande s’il ne trouve pas curieux qu’il y ait tant de monde à plancher sur un sujet apparemment abstrait comme la laïcité. Comme à son habitude, il balaie l’objection d’un revers de main et choisit un autre terrain: «Je ne constate aucune crispation cérébrale chez les congressistes. Ce qui me frappe – au contraire – c’est le clair courant de bonne humeur que l’on sent passer dans cette assemblée ». Et il enchaîne en m’expliquant : « Tout à l’heure, j’ai fait rire la salle en inventant le concept de religion comique. Je crois que le laïcisme fait ce que font toutes les religions comiques, il bricole des dogmes, il invente des péchés dont on avait jamais entendu parler et, dans certains cénacles, il va jusqu’à cultiver des symboles en pratiquant un rituel, qui est une caricature du rituel catholique »…

Il est vrai que la laïcité – revendiquant ses sanctuaires dans la société – a un peu tendance à prendre les allures d’une religion séculière, en cultivant une extrême intolérance. Après tout, c’est bien connu : pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! Je n’eus pas beaucoup le temps d’épiloguer. Dans la foule qui se pressait autour des stands, la grosse masse noire de l’abbé de Tanoüarn se détachait, m’empêchant d’avancer davantage. On ne pouvait pas rater le directeur de la revue Certitudes. Je lui demandais donc tout de go de quoi il allait nous entretenir : « J’ai appelé mon intervention “les significations d’une loi”».

La haine obsessionnelle pour le christianisme

Quand on relit le texte de loi attentivement, on constate que beaucoup d’articles n’ont jamais pu être appliqués. D’autres sont carrément obsolètes aujourd’hui. Bref, quand on revient au texte originel de la loi, on a un  peu l’impression que l’inventaire tourne à l’autopsie – Mais alors que reste-t-il de la Loi de 1905? Par exemple, les associations cultuelles, qu’elle prévoyait, fonctionnent toujours ? – Les associations diocésaines fonctionnent grâce à un accord qui est intervenu en 1924 entre Paris et le Vatican; elles ne sont pas conformes aux stipulations de la loi de 1905. A l’époque, effectivement, l’Etat républicain a reculé devant les exigences de l’Eglise catholique… » Le propos commençait à devenir franchement technique, l’abbé n’insista pas davantage et il conclut : «Au fond, je crois que ce qui reste de la loi de 1905, ce n’est pas l’idéal qui l’a portée, cet idéal est moribond. Non, ce qui reste, c’est la haine obsessionnelle pour le christianisme qui animait les auteurs de la loi, ce que nous appelons désormais la cathophobie ambiante»… Il n’y a effectivement pas de quoi pavoiser devant cette triste exception française…

(1). « Le Libre Journal de la France Courtoise », 4 Place Franz Liszt, 75010 Paris.