«Tu
resteras ici
[sur terre] pendant un certain
temps » lui avait annoncé la Sainte-Vierge le 13 juin 1917. Ce
temps aura duré plus de 87 années. Sœur Lucie,
qui fut le principal témoin des apparitions de la Sainte Vierge à Fatima
au Portugal de mai à octobre 1917, s’est éteinte dimanche 13 février
2005 à 17h25 dans son carmel de Coïmbra suite à un accident
cardio-vasculaire. Son état s’était détérioré en janvier dernier et
depuis plusieurs semaines l’issue ne semblait faire aucun doute. « Elle était sourde et aveugle depuis de nombreuses
années » souligne l’AFP, sans citer ses sources.
Durant
l’année 1917, la Sainte Vierge, sous le vocable de Notre-Dame du
Rosaire, est apparue à trois petits pastoureaux à six reprises. Les deux
événements les plus marquants de ces apparitions ont été d’une part
le secret donné aux enfants le 13 juillet et d’autre part le miracle
solaire du 13 octobre, miracle constaté par près de 70 000 personnes.
François et Jacinthe, les deux autres voyants, furent rappelés à Dieu
en 1919 et 1920. Lucie resta alors la seule dépositaire du
« secret ». Elle devint sœur, d’abord chez les Dorothées
puis entra finalement au carmel de Coïmbra en 1948.
Le
« secret » de Fatima fut décomposé par sœur Lucie en
trois parties distinctes. Elle révéla les deux premières partie en 1941
(vision de l’enfer et rôle de la Russie) mais la troisième partie du
secret, appelé communément « troisième
secret » resta caché jusqu’en 2000. Ce troisième secret
devait être révélé au monde en 1960 mais le Vatican jugea alors que sa
révélation n’était pas « opportune ».
Ce fut finalement en 2000, à l’occasion de la béatification de
François et Jacinthe, que le secret fut révélé. Cependant, le texte
publié par la congrégation pour la doctrine de la foi recèle tant d’invraisemblances
que les spécialistes doutent de l’authenticité du document.
Craignant
peut-être que l’annonce de la mort de Sœur Lucie ne relance des
rumeurs concernant le troisième secret, le Vatican rappelle qu’en 2001,
Sœur Lucie avait déclaré au cardinal Bertone,
secrétaire de la congrégation pour la doctrine de la foi, que « tout avait été publié ».
Les
obsèques de Sœur Lucie eurent lieu le 15 février et furent présidées
par le cardinal de Gênes, Mgr Bertone.
Plusieurs milliers de personnes y assistèrent et certains durent se
contenter de regarder passer le cortège, tant il y avait foule dans la
cathédrale de Coïmbra où se déroulait la cérémonie. Plusieurs
représentants politiques de tous bords étaient présents dont trois
membres du gouvernement.
Mgr
Bertone, durant son homélie, insista beaucoup sur le lien existant entre
sœur Lucie et le pape Jean-Paul II autour duquel, en ce moment, on le
sait, la mort rôde. C’était une façon détournée de rappeler que le
3ème secret de Fatima, tel qu’il a été révélé lors du grand
jubilé associe étroitement la personne du pape polonais aux célèbres
révélations privées dont sœur Lucie fut dépositaire.
On
nous permettra de mettre en doute la sincérité de cet ultime hommage où
sœur Lucie se trouve comme emprisonnée dans la légende dorée d’un
pape hors norme, comme si on ne pouvait plus parler d’elle sans l’évoquer
lui.
Une
chose est sûre : désormais la parole n’est plus aux thuriféraires
mais aux historiens scrupuleux qui ne se laisseront pas impressionner par
des déclarations fracassantes et collationneront patiemment les faits. La
mort de sœur Lucie signifie que Fatima – miracle éclatant –appartient
désormais à la science historique. |