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La psychose antichrétienne

Gwen Le Muezec

Pacte n°89 - décembre 2004

Les petits écoliers de Coudekerque-Branche (département du Nord) n’ont pas eu droit à leur Saint Nicolas en chocolat. En cette fin d’année 2004, un quarteron d’enseignants fanatisés ont hurlé à l’attentat anti-laïque. Certains même se sont acharnés sur la mitre en carton du saint et sur son missel en papier argenté pour faire disparaître les signes « ostentatoires » de l’épiscopat sur le saint en chocolat, à commencer par la croix. Il en a coûté 4 000 euros aux contribuables coudekerquois. Le maire socialiste de la commune a d’ailleurs renvoyé la facture au rectorat d’académie concerné. Quant aux écoliers, qu’ils soient chrétiens, musulmans ou hindouistes, ils ne comprennent toujours pas pourquoi on les a privés de leur friandise traditionnelle.

On peut, bien sûr incriminer la fameuse loi sur le voile, mal fagotée et qui a réussi à mécontenter tout le monde, en exaspérant les vieilles passions recuites. Dans cette optique, l’incident odieux et ridicule de Coudekerque n’est qu’une pièce de plus à rajouter au dossier de l’anticléricalisme de comptoir que l’on voudrait nous présenter comme le dernier avatar de la mission spirituelle de la France.

Mais rassurez-vous. La France n’a pas le monopole de la bêtise dans ce domaine. C’est ainsi qu’au naguère très catholique Québec les arbres de Noël ont disparu au profit de mystérieux « arbres de la fraternité ». Visiblement, nos cousins Québécois n’en finissent pas de régler leurs comptes avec ce que d’aucuns appellent la « Grande noirceur », cette époque maudite où l’Eglise catholique a permis à la Belle Province de ne pas être totalement absorbée par les Anglo-Saxons. De même, il est bien vu aux USA («political correctness » oblige) d’éviter de parler de Noël en souhaitant de bonnes fêtes de fin d’année. Cela permet d’englober aussi le Hanoukka juif, et surtout de ne pas offenser les Témoins de Jéhovah et autres sectes fondamentalistes qui tiennent Noël pour une affreuse célébration païenne.

Là où la chose devient franchement croquignolette, c’est que les musulmans de France, pour ne citer qu’eux, ne se gênent nullement pour fêter Noël eux aussi. Si l’on en croit un sondage CSA récent, ils seraient même 96 % à célébrer la naissance de « Sidna Aïssa » (le Seigneur Jésus). On peut même raisonnablement croire qu’ils apprécient modérément le zèle laïcard de certains. Quitter son pays pour cause de fondamentalisme meurtrier et se retrouver chez d’autres talibans n’est pas forcément rassurant.

Il y a du psychodrame dans ces manifestations d’antichristianisme. Tant chez nos laïcards bien de chez nous, que chez nos cousins québécois, l’humanisme et le désir de ne pas choquer les autres cachent surtout une volonté farouche d’en finir avec notre mémoire chrétienne. Tout se passe comme s’il était nécessaire de refouler ces années sombres où le christianisme régnait sans partage sur le monde occidental, comme si la religion chrétienne était notre tare originelle à nous autres, pauvres occidentaux. Il va de soi que le christianisme est responsable de tous les malheurs de l’univers, de la pédophilie aux massacres africains. Pire encore, l’homme moderne n’a pas fini de se purifier de ces notions terribles que sont le péché, la culpabilité, le patriarcat hétérosexuel et autres joyeusetés tapies dans les profondeurs de notre inconscient. Freud parlait de névrose chrétienne, voici aujourd’hui la psychose antichrétienne.

Mais nos modernes talibans devraient un peu réfléchir, et se rappeler qu’au refoulement succède généralement le défoulement.