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Les brèves du Docteur Dickès

Pacte n°88 - octobre 2004

Victim 0001

La première victime extraite des gravats des Twin Towers à la suite de l’attentat du 11 septembre était l’aumônier franciscain des pompiers le Père Mychal Judge, un Irlandais d’origine. Une photo de son corps a été effectuée à ce moment-là. L’image a été immédiatement comparée à celle de la célèbre piéta de Michel-Ange. Rapidement par cette photo, s’est développé autour du franciscain un véritable culte. Deux miracles lui sont attribués : une femme du nom de Jill avait un enfant porteur de multiples communications des cavités du cœur. Il était au-delà de toute ressource thérapeutique. Il s’est trouvé subitement guéri par une prière adressée au moine défunt. Et l’enfant Mathew Brown, sourd-muet a soudainement retrouvé l’audition et la parole : sa mère avait demandé l’intercession spirituelle du franciscain. Considérant le religieux comme un saint homme respectant ses vœux, l’Ordre des franciscains va lancer son procès en canonisation. Mais une telle cause ne peut s’ouvrir qu’au bout de cinq ans après le décès de la personne concernée.

Insolite

Une nouvelle loi en Croatie impose aux conducteurs un taux d’alcool à 0 au volant. L’ennui est que les prêtres sont bien obligés de dire la messe avec du vin. Ils se retrouvent donc hors la loi s’ils conduisent ensuite. Ils demandent donc 13 millions de dollars par an pour pouvoir se faire conduire par les chauffeurs après les offices religieux.

Repentirs tardifs

Le Tribunal a placé en résidence surveillée un admirateur de Mel Gibson qui le harcelait constamment. Il le pistait partout pour avoir l’honneur de prier à genoux avec lui notamment après la messe du dimanche. Un autre personnage, après avoir vu le film La Passion du Christ est venu se rendre à la police en expliquant qu’il avait transformé en suicide un meurtre qu’il avait commis lui-même. C’est aussi une forme de repentir dont Hollywood a témoigné en décernant à Mel Gibson le 18 octobre le titre de « réalisateur de l’année ». Enfin le jury des journalistes catholiques lui a décerné le titre de « meilleur film catholique de tous les temps ».

Faussaires

Le best-seller de Dan Brown « Leonardo da Vinci code » (Ed. Laffont) a été tiré en France à 1million d’exemplaires (3 millions aux USA).

A une époque à laquelle les Français lisent de moins en moins, il rejoint par là les tirages de livres d’après-guerre comme « Les carnets du Major Thomson » de Daninos. Par-delà l’intrigue policière, il s’agit d’un plagiat pur et simple des livres de Lincoln and co et Andrews and co, respectivement auteurs des livres « L’Enigme sacrée » et « La Montagne sacrée » (ed. Pygmalion 1997 et 1998). Ces ouvrages développent une théorie hallucinante selon laquelle Jésus-Christ, venu en France a épousé Marie Madeleine et a fondé la dynastie mérovingienne usurpée par les Carolingiens et les Capétiens. Ainsi se trouverait (enfin) révélée une tradition ésotérico-gnostique. La partie d’ésotérisme concernant Paris est aussi plagiée d’un ouvrage de Szepfefand édité par E. Ratier et intitulé : « Guide du Paris Maçonnique ». Comme par hasard, dans Da Vinci code, le christianisme a le mauvais rôle et s’en trouve à longueur de pages diffamé (sauf en fin d’ouvrage où une ou deux phrases essayent malhabilement de rétablir la situation). La critique majeure à adresser à ce livre est que le lecteur confond inévitablement des situations imaginaires avec la réalité. L’intrigue policière greffée sur tout cela a assuré un triomphe commercial international bien peu justifié.

Encore un coup de la Gnose

Le personnage central de ce roman est le dernier Grand Maître du prieuré de Sion qui se fait assassiner. Mitterrand fut membre de cet ordre secret de Grand Initiés (cf. « Minute » du 13 octobre 1993). A en croire La Montagne sacrée de Leigh, Lincoln et Baigent, parmi les derniers Grands maîtres figurent Léonard de VinciVictor Hugo, Debussy, Cocteau. Et depuis 1963, je vous le donne en mille : Monseigneur Ducaud-Bourget, lui-même, un des chefs de file des traditionalistes de l’époque. Tout un chapitre est consacré à ce prélat et à Monseigneur Lefebvre qui « détient un secret capital », « une arme capable d’ébranler le monde ». Et plus loin : « mais à qui lancera-t-il –ou a-t-il  déjà lancé – cet ultime défi : faites- moi pape et je vous ferai roi ! » pages 195-199. Autrement dit par ce secret, Monseigneur Lefebvre aurait eu comme mission (occulte) et pouvoir de devenir pape pour restaurer la monarchie mérovingienne. Ainsi ceux qui prétendent que la Tradition est infiltrée de gnostiques auraient raison car leur chef de file en était un…  

Remise en cause

Un groupe d’Oratoriens anglo-saxons vient de faire paraître un ouvrage intitulé Turning towards the Lord : orientation in Liturgic Prayer (ed. Ignatius 2004). Cet ouvrage bat en brèche l’habitude post-conciliaire d’orienter les autels vers le peuple et non vers Dieu. Cet ouvrage est préfacé par le Cardinal Ratzinger qui avait déjà fait paraître un texte sur le sujet en 2 000. C’est une étude extrêmement détaillée démontrant que l’autel doit être tourné vers Dieu. On y apprend par exemple que dans les catacombes hors de Rome, les autels des premiers Chrétiens étaient disposés contre les murs indiquant par là que le prêtre et le peuple se tenaient tous deux dans la même direction. Au décours de Vatican II, le retournement des autels n’était nullement obligatoire. Et l’Instruction Générale du Missel Romain publié au printemps 2 000 n’en fait pas une obligation. Il est simplement mentionné la possibilité de circuler autour de l’autel. L’ouvrage conclut à une véritable perte du sens de la transcendance dans la liturgie depuis Vatican II et prône le retour à la tradition.

Bourde

Julian Hunte ministre des affaires étrangères de Sainte Lucie, un petit état des Caraïbes, vient d’être nomme Chevalier du pape pour avoir aidé le Saint-Siège à obtenir le statut d’Etat (sans droit de vote) à l’ONU. Au même moment, ce catholique faisait adopter par sa voix la légalisation de l’avortement et faisait expulser du cabinet ministériel Madame Beaubrun qui s’était opposée à lui.

Une découverte capitale

Ain Karim est vraisemblablement le village où eurent lieu la Visitation et la naissance de saint Jean-Baptiste, fils d’Elisabeth la cousine de Marie. Une équipe d’archéologues britanniques dirigée par Shimon Gibson a mis en évidence à quelques kilomètres de là une grotte de 28 mètres carrés environ. Les objets et les sculptures qui y ont été découverts établiraient formellement qu’il s’agirait de la grotte où a vécu saint Jean-Baptiste ; on y retrouve notamment une scène de baptême sculptée par les Byzantins. Le Dr. Gibson explique que contrairement à ce qui est dit d’habitude, saint Jean-Baptiste ne vivait pas continuellement dans la solitude des déserts et la pauvreté totale ; l’usage du baptême avait en effet une signification quasi sociale. En 2 000 le Dr Waheeb, un archéologue jordanien avait mis en évidence une grotte sous les restes archéologiques d’une église byzantine du IVe siècle. Celle-ci se trouve près du Jourdain en face de Jéricho, non loin de l’endroit où selon la tradition le Christ a été baptisé. Cette découverte n’infirme nullement celle du Dr Gibson dont la notoriété, les compétences, et le discernement ont toujours été reconnus par tous.

Une décision considérable

Le pape vient de nommer une commission de théologiens ayant pour objet d’examiner minutieusement la question des limbes (limbus infantium) dans lesquelles se retrouvent les enfants privés du baptême. Ceci concerne principalement le sort des enfants avortés spontanément ou criminellement, ceux qui sont nés sans vie ou venus au monde avant la venue du Christ ou sans avoir eu la possibilité d’être baptisés. Aux limbes, ces enfants doivent trouver un bonheur parfait dans l’ordre naturel, mais se voient privés de la vision béatifique de Dieu au Ciel. Les limbes ne sont pas un dogme de Foi ; et le plus souvent l’Eglise dit que ces enfants sont confiés à la miséricorde divine. La décision du pape n’est pas anodine. En effet chacun comprendra immédiatement que si les enfants privés de la grâce du baptême se retrouvent au Paradis comme les autres enfants, la nécessité du Baptême n’apparaît plus. Ce qui met en doute l’utilité de ce sacrement et indirectement des autres dans l’économie du Salut. La nature conduirait spontanément à la surnature, comme le proclament les théologiens les plus avancés, mettant ainsi en question les raisons de l’existence même de l’Eglise. La commission a 5 ans pour rendre son rapport. 

Les nouveaux inquisiteurs

Le cardinal Renato Raffaele Martino, président du conseil pontifical Justice et paix a violemment dénoncé les lobbies culturels, économiques et politiques, opposés au christianisme. Il a affirmé que ces lobbies sont « de nouvelles saintes inquisitions pleines d’argent et d’arrogance ». Sur leur banc des accusés, on trouve pratiquement toujours l’Eglise catholique et les Chrétiens, « contre lesquels toute méthode est licite si elle sert à faire taire leur voix, par l’intimidation, le mépris public, la discrimination culturelle et la marginalisation ».  Rejoignant cette position, Philippe de Villiers à la suite de l’affaire Buttiglione a déclaré que l’assemblée européenne était devenu essentiellement un organisme anti-catholique. Buttiglione qui avait simplement déclaré que l’homosexualité était un péché, s’est vu écarté de la Commission Européenne.

Nouvelle Pentecôte

Dans sa parution de Pentecôte le journal La Croix fait un état de l’Eglise de France. Exception faite du diocèse de Paris dont l’effectif des prêtres se maintient et va se maintenir dans les années qui viennent, c’est un véritable collapsus de la foi catholique qui s’accélère en France. Dans le diocèse de Saint-Denis, seulement 12 % des enfants sont baptisés. Le diocèse de Verdun où le nombre des baptisés reste important il n’y a plus de 42 prêtres et seulement 7 d’entre eux ont moins de 55 ans. Il n’y a que deux séminaristes. Selon le Figaro du 8 juin le nombre des prêtres dans notre pays est tombé de moitié en 50 ans. Si 62 % des Français se disent catholiques, seulement 8 % d’entre eux pratiquent encore (soit 5 fois moins qu’il y a 50 ans). La France qui, la veille de la Révolution française, était le pays le plus peuplé du monde connu ne représente plus que 1 % de la population mondiale.

Dans le port d’Amsterdam…

La Hollande connut après la guerre de 1940 une efflorescence extraordinaire du catholicisme. Ce pays envoyait dans le monde entier – et en France même – des missionnaires.

Or en 1966 paraissait le fameux catéchisme hollandais appuyé par les évêques du pays. Rome en 1967 demanda que soient effectuées un certain nombre de rectifications à cet ouvrage. Elles ne le furent pas. L’affaire s’enlisa et n’eut pas d’issue.

Mais ce fut le commencement de l’effondrement du catholicisme aux Pays-Bas. Pourtant, pour la première fois depuis 1578 se déroula à Amsterdam une procession du Saint Sacrement. Et ce le 13 juin dernier (fête du corps du Christ) à l’initiative de la paroisse Notre-Dame desservie par des prêtres de l’Opus Dei. Le régime politique du pays autorise ce genre de manifestations seulement depuis 1989. Amsterdam est devenue selon ce qui a été dit là-bas « la ville de l’Eucharistie » ; laquelle sauvera peut-être ce malheureux pays. Le catéchisme hollandais stipulait à propos de l’Eucharistie : « Nous sommes quittes de tout sacrifice…et ceci en mangeant… » Evacuation de la notion du renouvellement du sacrifice de la Croix…De quelle eucharistie se revendique la procession ?

Abus de pouvoir

Le père Antoine Galland, aumônier du lycée Dumont d’Urville à Toulon s’est vu interdire l’entrée de cet établissement dans la mesure où il portait un habit religieux. Et ce au nom de la nouvelle loi du 15 mars dernier sur les signes religieux ostentatoires. Et pour faire bonne mesure le directeur a ajouté que l’ouverture de cette aumônerie en 1988 n’avait jamais été entérinée par le conseil d’administration de l’établissement.

Comme d’habitude l’épiscopat ne dit mot vis-à-vis de cet abus de pouvoir.