Le
cardinal Thiandoum, archevêque émérite de Dakar, est mort le 18 mai
dernier. Il a été enterré dix jours plus tard dans un grand concours de
peuple – catholiques et musulmans mélangés. Parlant de lui, les
journaux sénégalais sont particulièrement déférents : « L’archevêque
était une personne humble et généreuse, animée d’un esprit de
fraternité. » Tel est l’éloge – pour le moins inhabituel –
du quotidien Le Soleil, qui concluait : « Le Sénégal est en deuil. Un
grand baobab est tombé. » On a beaucoup parlé de son souci d’un
christianisme africain, de sa volonté (perceptible au Synode africain de
1994) de multiplier les liturgies en langues locales. On a évoqué aussi
sa famille aux deux religions dans un pays musulman à 90 %, son frère
imam à Popenguine (le Lourdes sénégalais). Mais il ne faut pas oublier
sa foi profonde et aussi sa fidélité à la mémoire de l’évêque qui
l’avait distingué, qui l’avait nommé directeur des œuvres
catholiques du diocèse et ordonné évêque à son tour, Mgr Marcel
Lefebvre. A peine créé cardinal, en mai 1976, Thiandoum tente de
convaincre Paul VI de rencontrer Mgr Lefebvre, que le pape venait de
blâmer durant le Consistoire. Peine perdue ! Le 29 juin 1976, il s’est
déplacé à Ecône pour essayer de repousser les ordinations interdites
par le pape. Mgr Lefebvre l’accueille quelques minutes avant la
cérémonie. Le cardinal Thiandoum était un homme de Dieu, pas un homme
de parti. |