Accueil
Articles en ligne

Centre St Paul

MetaBlog

TradiNews

Le Grand Orient accepte de nouveaux partenaires

Abbé G. de Tanoüarn

Pacte n°85 - avril 2004

Noël Mamère vient d’annoncer que le 5 juin il allait marier deux homosexuels, dont l’un réside à Bègles, la ville dont il est maire. Emoi dans le Landernau. Ce petit coup d’Etat est un joli coup de pub. La hardiesse de l’ancien présentateur télé est parfaitement calculée. Qui va s’opposer à une telle action ? Qui contestera publiquement le droit de Mamère à faire deux pères adoptifs potentiels de ces deux personnes homosexuelles ? La société civile ne supporterait pas longtemps des leçons de morale, ni en ce domaine ni en aucun autre! Mamère joue sur du velours, sa provocation passera sans doute comme une lettre à la poste. Et d’ici le 5 juin, il aura tout le loisir de se faire inviter par toutes les télés de France et de Navarre.

Le mariage des homosexuels correspond en effet à une exigence républicaine tout à fait fondamentale, bien malin qui pourrait le contester. Il relève de ce que tous les potaches ont appris à connaître sous le nom de contrat social. L’idée de Jean-Jacques Rousseau, dans l’ouvrage qui porte ce titre, c’est que nous soyons capables de revisiter toutes nos relations, celles que nous impose la nature, avec nos parents ou nos enfants, celles que nous impose la société, à travers le mariage hétérosexuel et fécond par exemple... Tous ces "liens" nous enferment et nous emprisonnent, c’est pourquoi nous portons " la lettre sociale inscrite avec le fer ". Nous devons sortir de cet esclavage qui nous tient de naissance et transformer toutes nos dépendances en des relations volontaires, qui, dans l’idéal, seraient comme autant de contrats. Nous prenons aujourd’hui le chemin de cette société où plus rien n’est dû à la nature, où l’on ne veut même plus prendre en compte la différence des sexes et où la liberté de l’individu est totale : c’est parce que nous le voulons que nous avons des enfants, c’est autant que nous le voulons que nous supportons un époux ou une épouse, c’est avec le partenaire que nous aurons librement choisi que nous aurons droit de faire notre vie. Jean-Jacques Rousseau lui-même avait donné l’exemple de cette parfaite liberté en envoyant les uns après les autres tous ses enfants à l’assistance publique. Il était, ce faisant, pleinement en accord avec ses principes.

La question du mariage des homosexuels (et la question subséquente de l’adoption d’enfants par ces couples "mariés") va dans le sens républicain de l’histoire. Ce n’est pas une provocation gratuite. C’est une décision qui vient à son heure, que plusieurs pays ont prise ou sont sur le point de prendre : la Belgique, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège. L’Espagne du socialiste Zapatero a inscrit ce projet dans son programme. En France même, un petit événement a échappé à la plupart des commentateurs : le 22 avril dernier, rue Cadet, dans le temple du Grand Orient de France, a été officiellement célébrée, selon un vieux rituel revisité, ce que l’on nomme l’adoption d’un conjoint comme membre de la Fraternité maçonnique. Le Grand Orient étant une obédience purement masculine, cette fois, pour la première fois, le conjoint adopté, lui aussi, était un homme. Brandmeyer, le grand maître a tenu à féliciter le nouvel adopté de manière particulièrement cordiale.

Dans la franc-maçonnerie française, la reconnaissance conjugale d’un couple homosexuel a été célébrée le 22 avril

Je ne suis pas du genre à voir des francs-maçons partout, mais, cette fois, j’avoue, la coïncidence est particulièrement troublante. Dans la franc-maçonnerie française, la reconnaissance conjugale d’un couple homosexuel est célébrée le 22 avril. Et Noël Mamère, le 9 avril (moins de quinze jours avant) annonce qu’il est prêt à marier à Bègles en Gironde, dans sa mairie, un couple de résidants qui en ferait la demande. Touchante coïncidence, qui montre bien que les frangins ont décidé de faire bouger les mentalités en particulier dans ce domaine sensible.

Si la secte peut reprocher une chose à Noël Mamère, c’est d’avoir senti le vent et de s’être engouffré dans cette brèche un peu vite, histoire d’exploiter à son profit la grande affaire du jour. Qu’y a-t-il de mal à cela ? direz-vous. Le député UMP François Baroin, dont l’atavisme est bien connu, le reconnaissait, noir sur blanc, dans un magazine spécialisé : " Il rend un très mauvais service à la cause qu’il dit vouloir défendre ".