Le
film que Mel Gibson a voulu consacrer à la Passion du Christ, The Passion
sortira le 24 février prochain (Mercredi des Cendres) sur 2000 écrans
aux Etats-Unis. La prévente des billets laisse espérer « non pas un
succès, non pas un triomphe, mais un véritable ouragan », comme disent
les responsables de la société indépendante de distribution New
marc-ket, qui s'est chargée de la distribution du film dans les salles
obscures. Alors que tous les grands distributeurs, Paramount, Universal,
Miramax, sans doute impressionnés par une campagne de dénigrement
systématique, avaient déclaré forfait, la foi et le courage d'un homme
- Mel Gibson -pourraient bien créer une sorte d'électrochoc dans la
conscience contemporaine... Quelque chose comme une secousse christique !
Daniel Hamiche, journaliste, éditeur, défenseur courageux de la cause
royale, s'est passionné pour cette affaire depuis l'origine. Il est
passé sans mal (et sans contradiction) d'un service à l'autre. Après le
roi, le Roi des rois... Nous lui avons demandé défaire le point pour les
lecteurs de Pacte...
Pourquoi
vous êtes-vous passionné pour le film de Mel Gibson The Passion ?
Je
ne suis pas un spécialiste du film, dont je n'ai vu pour l'instant que
les bandes-annonces disponibles aux Etats-Unis. Mais j'ai travaillé,
depuis le mois de mai dernier, sur l'affaire du film. J'ai été frappé
par ce fait, en cherchant à me documenter, que dès cette époque il
existait près de 100 000 pages Internet disponibles, pour les 99 % en
anglais, à l'usage du public américain. En Europe, l'Italie présente
une documentation inédite importante sur le sujet, mais c'est tout. En
France rien ou presque, et des journalistes qui répètent des
informations de seconde main... Et pourtant cette affaire est appelée à
devenir une affaire mondiale... Pourquoi s'en étonner ? Le film, qui se
veut essentiellement fidèle à la scène primitive et qui, dans ce souci,
a été tourné en araméen et en latin, est devenu comme son modèle un
signe de contradiction, n fallait donc diffuser en français ces
informations, à l'attention d'un public souvent désinformé par les
grands média. C'est ce que j'ai décidé de faire à travers
l'association que j'ai créée, Pro Passio. Nous voulons, envers et
contre tout, dire la vérité sur ce film.
Quels
sont les motifs (ou les mobiles) des détracteurs du film ?
Votre
question en suppose une autre : quels sont les groupes de pression qui
agissent contre le film aujourd'hui ? Les critiques proviennent le plus
souvent aux Etats-Unis de trois secteurs : à Los Angeles, sur la Côte
Ouest, le Simon Wisenthal Center, autour du rabbin Marvin Hier
s'était donné pour tâche de poursuivre la chasse aux nazis. Il s'est
spécialisé aujourd'hui dans les attaques contre le film de Gibson... De
l'autre côté, sur la Côte Est donc, à New York, L'Antidefamation
League of Bnai Brith a solennellement mis en garde contre la diffusion
du film. Il n'est pas sans intérêt de noter qu'Abraham Foxman, le
responsable de cette campagne, avait été baptisé catholique par sa
gouvernante polonaise en 1940 pour éviter les rafles nazies. Il n'était
pas très confortable de naître juif en 40 à Varsovie, il faut le dire,
mais apparemment ce contempteur de La Passion ne se souvient guère
de cet épisode de sa vie... Il faut ajouter à ces deux organisations
bien connues une fraction agissante de la Conférence épiscopale des
Evêques catholiques aux Etats-Unis (USCCB), la commission qui sous
l'autorité du cardinal Keeler, archevêque de Baltimore, s'occupe de l'œcuménisme
en général et des relations avec le judaïsme tout spécialement.
Particulièrement en pointe, le Dr E. Fisher, un laïc, secrétaire du
bureau. Les positions théologiques de cet apparatchik sont bien connues.
Elles expliquent en partie les réticences du bonhomme face au film :
selon lui, la première alliance (avec Israël) est toujours valide. L'Eglise
n'a donc pas de mission vers les juifs mais il y a une mission des
catholiques avec les juifs vers le monde... Le film The Passion ne
s'intègre sans doute pas à ce schéma...
Voulez-vous
insinuer que les juifs dans leur ensemble seraient hostiles à ce film ?
Ou peut-être que ce film serait hostile aux juifs ?
Pas
du tout ! Au contraire... Pour la première question, la grande
organisation juive, The american Jewish Committee est beaucoup plus
prudente. Dans le judaïsme contemporain, orthodoxe ou réformé, on
trouve de nombreux partisans du film de Gibson. Au nom de la vérité !
L'actrice principale, qui joue le personnage de Marie, est une juive
roumaine pratiquante, Maïa Morgenstern (l'étoile du matin en allemand :
voilà un premier intersigne !) Des journalistes renommés comme Medved ou
Matt Drudge défendent le film. David Klinghoffer, éditorialiste du
magazine communautaire new-yorkais Forward, vient de signer un
article tonitruant dans le Los Angeles Times, où il explique que
les anciennes sources juives comme le Targum de Babylonne, revendiquent
une part de responsabilité dans la mort du Christ. Il cite également un
auteur médiéval bien connu, Moïse Maïmonide, qui revendique la même
chose dans sa fameuse Lettre aux Yéménites...
Je
reviens à ma deuxième question...
Non,
ce film n'est pas hostile aux Juifs. Simplement, il indique le rôle
néfaste de Caïphe, le grand prêtre et du Sanhédrin. Mais il n'implique
pas tous les juifs dans la mort du Christ. Dans ce film il n'y a aucune
hostilité a priori pour les juifs, mais le récit évangélique tout
simplement.
On
peut y ajouter la théologie du concile de trente, qui nous rend tous
responsables de la Passion du Christ. Je voudrais insister sur ce qui me
semble un très beau symbole de ce film. Au moment de la transfixion des
membres de Jésus par les clous, la main qui tient le clou sur la main de
Jésus est celle de Mel Gibson. Il a voulu montrer par là qu'il se
sentait responsable de la mort du Christ, parce que pécheur.
Alors
quels sont les mobiles des adversaires du film ?
Une
haine viscérale de certains pour Notre Seigneur Jésus-Christ. On a
organisé a priori le lynchage moral de Gibson, en espérant que,
traditionaliste d'origine, il ne serait défendu ni par les catholiques ni
par les protestants. C'était un mauvais calcul. A l'heure où je parle,
un certain nombre de paroisses baptistes aux Etats-Unis ont préacheté
des milliers de billets d'entrée pour voir ce film sans retard !
Nous
savons que Met Gibson est un catholique traditionaliste convaincu.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce personnage, sans qui il n'y aurait
pas eu ce film La Passion ?
Il
est américain (et non australien comme on le dit trop souvent), né
dans l'Etat de New York en 1956. Il vit aux Etats-Unis jusqu'à l'âge de
10 ans. Sa mère était une cantatrice reconnue. Son père, employé des
chemins de fer, est resté longtemps au chômage après un accident de
travail. Sa performance exceptionnelle, lors d'un jeu télévisé
célèbre aux Etats-Unis, lui permet de partir créer une ferme en
Australie sans attendre les indemnités professionnelles, qui tardent à
venir. Histoire sans doute d'élever au vert sa famille de 10 enfants. Mel
a reçu une solide éducation catholique ; enfant, il souhaite devenir
prêtre. Finalement, il fait du théâtre. Au moment où, à travers la
série des Mad Max,
il se fera connaître mondialement, il traversait une période de
turbulences existentielles : mal de vivre, picole, il pense au suicide...
Au moment où il veut mettre son projet à exécution, une voix
intérieure (affirme-t-il) lui commande de lire l'Evangile. L'idée du
film The passion naît à ce moment-là. Il lui faudra une
quinzaine d'années pour la réaliser... Entre-temps, il s'est marié, il
a sept enfants, il se garde des frasques qui déshonorent Hollywood et il
multiplie les films à succès, comme acteur et comme producteur. On a
calculé qu'il avait fait gagner 2,2 milliards de dollars à l'industrie
cinématographique américaine. Sa fortune est immense. Il s'en sert
(c'est proverbial dans le milieu) pour aider les artistes en difficulté
ou pour construire des églises ouvertes au culte traditionnel (la
dernière sur les hauteurs de Malibu). Devant le scepticisme général des
sponsors potentiels, il a fait ce film en y investissant sa propre
fortune, entre 25 et 30 millions de dollars, au titre de sa société de
production Icôn. Notons que les acteurs du film sont souvent des
inconnus au plan international. Mel pourtant les a choisis avec soin. Jim
Caviezel, qui joue le Christ, est un catholique convaincu qu'on a pu voir
déjà dans Ligne rouge, mais qui voulait arrêter le cinéma pour
se consacrer à sa famille. C'est aujourd'hui l'un des plus ardents
propagandistes du film dans le monde entier.
A
vous entendre et à constater votre émotion, on a l'impression d'une
sorte de légende dorée moderne qui se développe déjà autour de ce
film... On parle même de miracles...
Il
est indéniable que ce film a déjà donné lieu à des conversions, en
particulier parmi les acteurs et figurants... la messe (traditionnelle
s'il vous plaît) était dite tous les jours pendant le tournage, soit par
l'abbé Charles-Roux, soit par un prêtre de l'Institut du Christ Roi,
l'abbé Michel Debourges. Mel tenait à la servir lui-même dès qu'il le
pouvait. Quant à Jim Caviezel, il récitait ostensiblement son chapelet
entre les séquences... Il y a eu aussi, il faut le dire un événement
assez surprenant : Durant le tournage, à Matera (dans la province de
Basilicate en Italie du Sud), en novembre et décembre 2002, il faisait un
temps très froid et orageux. La foudre est tombée à deux reprises à
quelques jours d'intervalle sur Jan Michelin!, un réalisateur de
l'équipe. Sans aucune séquelle. On dit aussi qu'une petite fille sourde
et muette s'est mise à entendre et à parler... Et puis il y a eu aussi
des milliers d'intersignes, qui montrent que ce film est signé...
On
vous écouterait des heures, Daniel. Une dernière question : qu'en pense
le pape ? On a dit beaucoup de choses là-dessus...
Vous
tombez pile, cher camarade abbé, c'est justement le sujet de la dernière
livraison de Pro Passio. Le fait est qu'en deux fois, en deux
soirées successives, le pape a vu l'intégralité du rough cut, (du
prémontage NDLR) du film. Son secrétaire, Mgr Dziwisz, a déclaré que
le pape a simplement dit : « Incroyable ! C'est comme c'était... ». Il
y a eu ensuite un démenti. Navarro Valls a déclaré, au nom de la salle
de presse du Vatican, que le pape ne se prononçait jamais sur des œuvres
artistiques. Patatras ! La même semaine le pape félicite chaleureusement
un groupe polonais de Hip hop, en notant la qualité de leur production
artistique. Les mensonges retombent donc sur leurs auteurs. C'est une
histoire de ouf comme diraient les jeunes dans un verlan
sommaire...
Merci
Daniel, merci de votre enthousiasme pour le bon combat, je renvoie les
lecteurs qui souhaiteraient en savoir davantage à votre association «
Pro Passio» et à ses publications. |