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La Passion du Christ : une tempête à Hollywood

Entretien avec Daniel Hamiche - Propos recueillis par l'abbé G. de Tanoüarn

Pacte n°82 - 31 janvier 2004

Le film que Mel Gibson a voulu consacrer à la Passion du Christ, The Passion sortira le 24 février prochain (Mercredi des Cendres) sur 2000 écrans aux Etats-Unis. La prévente des billets laisse espérer « non pas un succès, non pas un triomphe, mais un véritable ouragan », comme disent les responsables de la société indépendante de distribution New marc-ket, qui s'est chargée de la distribution du film dans les salles obscures. Alors que tous les grands distributeurs, Paramount, Universal, Miramax, sans doute impressionnés par une campagne de dénigrement systématique, avaient déclaré forfait, la foi et le courage d'un homme - Mel Gibson -pourraient bien créer une sorte d'électrochoc dans la conscience contemporaine... Quelque chose comme une secousse christique ! Daniel Hamiche, journaliste, éditeur, défenseur courageux de la cause royale, s'est passionné pour cette affaire depuis l'origine. Il est passé sans mal (et sans contradiction) d'un service à l'autre. Après le roi, le Roi des rois... Nous lui avons demandé défaire le point pour les lecteurs de Pacte...

Pourquoi vous êtes-vous passionné pour le film de Mel Gibson The Passion ?

Je ne suis pas un spécialiste du film, dont je n'ai vu pour l'instant que les bandes-annonces disponibles aux Etats-Unis. Mais j'ai travaillé, depuis le mois de mai dernier, sur l'affaire du film. J'ai été frappé par ce fait, en cherchant à me documenter, que dès cette époque il existait près de 100 000 pages Internet disponibles, pour les 99 % en anglais, à l'usage du public américain. En Europe, l'Italie présente une documentation inédite importante sur le sujet, mais c'est tout. En France rien ou presque, et des journalistes qui répètent des informations de seconde main... Et pourtant cette affaire est appelée à devenir une affaire mondiale... Pourquoi s'en étonner ? Le film, qui se veut essentiellement fidèle à la scène primitive et qui, dans ce souci, a été tourné en araméen et en latin, est devenu comme son modèle un signe de contradiction, n fallait donc diffuser en français ces informations, à l'attention d'un public souvent désinformé par les grands média. C'est ce que j'ai décidé de faire à travers l'association que j'ai créée, Pro Passio. Nous voulons, envers et contre tout, dire la vérité sur ce film.

Quels sont les motifs (ou les mobiles) des détracteurs du film ?

Votre question en suppose une autre : quels sont les groupes de pression qui agissent contre le film aujourd'hui ? Les critiques proviennent le plus souvent aux Etats-Unis de trois secteurs : à Los Angeles, sur la Côte Ouest, le Simon Wisenthal Center, autour du rabbin Marvin Hier s'était donné pour tâche de poursuivre la chasse aux nazis. Il s'est spécialisé aujourd'hui dans les attaques contre le film de Gibson... De l'autre côté, sur la Côte Est donc, à New York, L'Antidefamation League of Bnai Brith a solennellement mis en garde contre la diffusion du film. Il n'est pas sans intérêt de noter qu'Abraham Foxman, le responsable de cette campagne, avait été baptisé catholique par sa gouvernante polonaise en 1940 pour éviter les rafles nazies. Il n'était pas très confortable de naître juif en 40 à Varsovie, il faut le dire, mais apparemment ce contempteur de La Passion ne se souvient guère de cet épisode de sa vie... Il faut ajouter à ces deux organisations bien connues une fraction agissante de la Conférence épiscopale des Evêques catholiques aux Etats-Unis (USCCB), la commission qui sous l'autorité du cardinal Keeler, archevêque de Baltimore, s'occupe de l'œcuménisme en général et des relations avec le judaïsme tout spécialement. Particulièrement en pointe, le Dr E. Fisher, un laïc, secrétaire du bureau. Les positions théologiques de cet apparatchik sont bien connues. Elles expliquent en partie les réticences du bonhomme face au film : selon lui, la première alliance (avec Israël) est toujours valide. L'Eglise n'a donc pas de mission vers les juifs mais il y a une mission des catholiques avec les juifs vers le monde... Le film The Passion ne s'intègre sans doute pas à ce schéma...

Voulez-vous insinuer que les juifs dans leur ensemble seraient hostiles à ce film ? Ou peut-être que ce film serait hostile aux juifs ?

Pas du tout ! Au contraire... Pour la première question, la grande organisation juive, The american Jewish Committee est beaucoup plus prudente. Dans le judaïsme contemporain, orthodoxe ou réformé, on trouve de nombreux partisans du film de Gibson. Au nom de la vérité ! L'actrice principale, qui joue le personnage de Marie, est une juive roumaine pratiquante, Maïa Morgenstern (l'étoile du matin en allemand : voilà un premier intersigne !) Des journalistes renommés comme Medved ou Matt Drudge défendent le film. David Klinghoffer, éditorialiste du magazine communautaire new-yorkais Forward, vient de signer un article tonitruant dans le Los Angeles Times, où il explique que les anciennes sources juives comme le Targum de Babylonne, revendiquent une part de responsabilité dans la mort du Christ. Il cite également un auteur médiéval bien connu, Moïse Maïmonide, qui revendique la même chose dans sa fameuse Lettre aux Yéménites...

Je reviens à ma deuxième question...

Non, ce film n'est pas hostile aux Juifs. Simplement, il indique le rôle néfaste de Caïphe, le grand prêtre et du Sanhédrin. Mais il n'implique pas tous les juifs dans la mort du Christ. Dans ce film il n'y a aucune hostilité a priori pour les juifs, mais le récit évangélique tout simplement.

On peut y ajouter la théologie du concile de trente, qui nous rend tous responsables de la Passion du Christ. Je voudrais insister sur ce qui me semble un très beau symbole de ce film. Au moment de la transfixion des membres de Jésus par les clous, la main qui tient le clou sur la main de Jésus est celle de Mel Gibson. Il a voulu montrer par là qu'il se sentait responsable de la mort du Christ, parce que pécheur.

Alors quels sont les mobiles des adversaires du film ?

Une haine viscérale de certains pour Notre Seigneur Jésus-Christ. On a organisé a priori le lynchage moral de Gibson, en espérant que, traditionaliste d'origine, il ne serait défendu ni par les catholiques ni par les protestants. C'était un mauvais calcul. A l'heure où je parle, un certain nombre de paroisses baptistes aux Etats-Unis ont préacheté des milliers de billets d'entrée pour voir ce film sans retard !

Nous savons que Met Gibson est un catholique traditionaliste convaincu. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce personnage, sans qui il n'y aurait pas eu ce film La Passion ?

Il est américain (et non australien comme on le dit trop souvent), né dans l'Etat de New York en 1956. Il vit aux Etats-Unis jusqu'à l'âge de 10 ans. Sa mère était une cantatrice reconnue. Son père, employé des chemins de fer, est resté longtemps au chômage après un accident de travail. Sa performance exceptionnelle, lors d'un jeu télévisé célèbre aux Etats-Unis, lui permet de partir créer une ferme en Australie sans attendre les indemnités professionnelles, qui tardent à venir. Histoire sans doute d'élever au vert sa famille de 10 enfants. Mel a reçu une solide éducation catholique ; enfant, il souhaite devenir prêtre. Finalement, il fait du théâtre. Au moment où, à travers la série des Mad Max,     il se fera connaître mondialement, il traversait une période de turbulences existentielles : mal de vivre, picole, il pense au suicide... Au moment où il veut mettre son projet à exécution, une voix intérieure (affirme-t-il) lui commande de lire l'Evangile. L'idée du film The passion naît à ce moment-là. Il lui faudra une quinzaine d'années pour la réaliser... Entre-temps, il s'est marié, il a sept enfants, il se garde des frasques qui déshonorent Hollywood et il multiplie les films à succès, comme acteur et comme producteur. On a calculé qu'il avait fait gagner 2,2 milliards de dollars à l'industrie cinématographique américaine. Sa fortune est immense. Il s'en sert (c'est proverbial dans le milieu) pour aider les artistes en difficulté ou pour construire des églises ouvertes au culte traditionnel (la dernière sur les hauteurs de Malibu). Devant le scepticisme général des sponsors potentiels, il a fait ce film en y investissant sa propre fortune, entre 25 et 30 millions de dollars, au titre de sa société de production Icôn. Notons que les acteurs du film sont souvent des inconnus au plan international. Mel pourtant les a choisis avec soin. Jim Caviezel, qui joue le Christ, est un catholique convaincu qu'on a pu voir déjà dans Ligne rouge, mais qui voulait arrêter le cinéma pour se consacrer à sa famille. C'est aujourd'hui l'un des plus ardents propagandistes du film dans le monde entier.

A vous entendre et à constater votre émotion, on a l'impression d'une sorte de légende dorée moderne qui se développe déjà autour de ce film... On parle même de miracles...

Il est indéniable que ce film a déjà donné lieu à des conversions, en particulier parmi les acteurs et figurants... la messe (traditionnelle s'il vous plaît) était dite tous les jours pendant le tournage, soit par l'abbé Charles-Roux, soit par un prêtre de l'Institut du Christ Roi, l'abbé Michel Debourges. Mel tenait à la servir lui-même dès qu'il le pouvait. Quant à Jim Caviezel, il récitait ostensiblement son chapelet entre les séquences... Il y a eu aussi, il faut le dire un événement assez surprenant : Durant le tournage, à Matera (dans la province de Basilicate en Italie du Sud), en novembre et décembre 2002, il faisait un temps très froid et orageux. La foudre est tombée à deux reprises à quelques jours d'intervalle sur Jan Michelin!, un réalisateur de l'équipe. Sans aucune séquelle. On dit aussi qu'une petite fille sourde et muette s'est mise à entendre et à parler... Et puis il y a eu aussi des milliers d'intersignes, qui montrent que ce film est signé...

On vous écouterait des heures, Daniel. Une dernière question : qu'en pense le pape ? On a dit beaucoup de choses là-dessus...

Vous tombez pile, cher camarade abbé, c'est justement le sujet de la dernière livraison de Pro Passio. Le fait est qu'en deux fois, en deux soirées successives, le pape a vu l'intégralité du rough cut, (du prémontage NDLR) du film. Son secrétaire, Mgr Dziwisz, a déclaré que le pape a simplement dit : « Incroyable ! C'est comme c'était... ». Il y a eu ensuite un démenti. Navarro Valls a déclaré, au nom de la salle de presse du Vatican, que le pape ne se prononçait jamais sur des œuvres artistiques. Patatras ! La même semaine le pape félicite chaleureusement un groupe polonais de Hip hop, en notant la qualité de leur production artistique. Les mensonges retombent donc sur leurs auteurs. C'est une histoire de ouf comme diraient les jeunes dans un verlan sommaire...

Merci Daniel, merci de votre enthousiasme pour le bon combat, je renvoie les lecteurs qui souhaiteraient en savoir davantage à votre association « Pro Passio» et à ses publications.

On peut envoyer son adhésion moyennant 20 euros à Pro Passio, 22 rue Didot - 75014 Paris.