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FSSPX : Mgr Fellay donne le cap

Abbé de Tanoüarn

Pacte n°82 - 31 janvier 2004

Le 2 février a eu lieu, à Rome, une conférence de presse exceptionnelle de Mgr Bernard Fellay. Le supérieur de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X a tenu à présenter officiellement dans la capitale de la chrétienté, dans la Ville éternelle, une étude sur l'œcuménisme, concluant à une opposition fondamentale entre l'Eglise œcuménique et l'Eglise catholique.

Pourquoi cette polarisation soudaine de la Fraternité Saint Pie X sur l'œcuménisme ? La nomination, le 3 mars 2001, de Walter Kasper comme responsable de la Congrégation romaine pour l'unité des chrétiens n'est pas étrangère à l'entreprise de Mgr Fellay. On sait que ce personnage, grande figure de l'épiscopat allemand, est un théologien d'envergure, mais, hélas qu'il est aussi l'un de ceux dont on doit, en toute sécurité, déclarer qu'il a officiellement rompu avec l'orthodoxie catholique. Assistant du professeur Hans Küng au début des années soixante, son livre sur Jésus contient plusieurs hérésies formelles. Une récente conférence de Kasper sur les perspectives de l'œcuménisme est un peu comme la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Dici, l'agence de presse officielle de la Fraternité Saint Pie X l'a abondamment diffusée pour que chacun puisse en juger.

Souhaitant jouer à plein son rôle naturel d'instance critique des dérives conciliaires, la Fraternité Saint Pie X a envoyé une lettre à tous les cardinaux, prenant occasion des vingt-cinq ans du pontificat de Jean Paul n pour manifester Urbi et orbi la nocivité profonde de la nouvelle religion issue du Concile : « Dans fe but avoué de réaliser une unité nouvelle, au nom d'une volonté de "regarder davantage ce qui nous unit plutôt que ce qui nous divise ", on prétend mettre de côté les éléments spécifiquement catholiques qui apparaissent comme cause de division » déclare très fortement Mgr Fellay à l'attention de leurs Eminences.

Dans un entretien donné à Dici, le supérieur de la Fraternité Saint Pie X précise que la critique doctrinale des errements conciliaires et post-conciliaires constitue l'un des objectifs à long terme de la Fraternité Saint Pie X. A l'appui de son propos, il mentionne les deux symposiums de théologie qui se sont tenus à Paris en 2002 et en 2003 et le dernier Congrès de Si si, No no qui a eu lieu à Rome, au début du mois de janvier 2004. Point commun de ces diverses manifestations : une critique serrée du Concile.

Il est clair que l'attitude de la Fraternité Saint Pie X, résistant publiquement à l'autorité ecclésiastique en refusant le Novus Ordo s'enracine depuis le début dans un diagnostic doctrinal extrêmement ferme. En juin 1976, alors que Mgr Lefebvre se dispose à faire les premières ordinations à Ecône contre la volonté expresse du pape Paul VI, il s'exclame sans mollir : « Le rite nouveau suppose une autre conception de la religion catholique, une autre religion ». On retrouve ce thème de la « religion nouvelle » dans la préface qu'il a voulu donner à son livre testament Itinéraire spirituel... Dans sa pensée, c'est bien cette nouvelle religion, officiellement différente de la religion catholique traditionnelle qu'il est du devoir de tout chrétien de dénoncer sans états d'âme.

Que signifie cette idée de « religion nouvelle » ? Elle est apparemment radicale, elle sonne comme excessive. Lorsqu'on y regarde de près, au contraire, elle définit en toute modération le malaise qui s'étend sur l'Eglise depuis le concile. Les chrétiens doivent faire face à une subversion interne de la catholicité. Il s'agit d'une nouvelle doctrine, qui s'interpose désormais entre les fidèles et le dogme. Ce corps étranger se présente comme une sorte de "règle philosophique" indexée à la foi et qui la transforme en "foi conciliaire".

En se fondant sur la Déclaration finale du premier symposium de Paris en 2002, on peut commodément résumer en... trois points cette religion nouvelle. Disons d'abord que cette religion nouvelle tend à enraciner la foi dans la conscience humaine plutôt que dans la Parole de Dieu, historiquement transmise à l'Eglise. Disons ensuite que la nouvelle pratique chrétienne est fondée sur l'inversion de la notion chrétienne de service : l'Eglise se sent désormais au service de l'homme (et non l'homme au service de Dieu et au service de l'Eglise). Disons enfin que toute la vision du monde qui est issue du Concile est sous-tendue par ce dogme nouveau de l'unité spirituelle du genre humain... au mépris de toute la tradition et au mépris de l'Evangile, qui enseigne sans cesse que les bénis ne sont pas les maudits devant le Père éternel.

Il ne s'agit donc pas d'un procès en hérésie, dans les formes classiques auxquelles nous a habitué le Tribunal de la sainte Inquisition. L'objet matériel de la foi reste indemne... Mais la foi est profondément "conciliarisée" par ces trois dogmes philosophiques nouveaux qui constituent la nouvelle norme spéculative-pratique pour les aspirants croyants. Le long travail sur l'œcuménisme proposé par Mgr Fellay peut être considéré comme une étape importante dans la grande entreprise de déblaiement que le concile Vatican II a rendu nécessaire pour toute l'Eglise.