A
Paris, on retrouve ces vibrions gauchistes et en retard de deux ou trois
guerres dans tous les mauvais coups ! Coqueluche de tout ce que la
capitale compte de bobos branchés, ils se savent soutenus, et pas par les
pauvres ! Leur clientèle électorale est grosse de tous les nostalgiques
friqués, qui se donnent l'impression, à travers eux, de revivre le temps
des cerises, par procuration électorale. Forts de ce mandat implicite,
ils n'hésitent donc pas à chahuter le conseil municipal ; Bertrand
Delanoë craint leurs initiatives brouillonnes, sans pouvoir toujours s'y
opposer, union de la gauche oblige.
Chef
de file chez les Verts du XVIIIème, le Conseiller de Paris
Sylvain Garel, ceint d'une écharpe bicolore, paradait donc en personne à
la porte de Saint-Nicolas histoire sans doute de signaler à tout
journaliste survenant qu'il n'était pas pour rien dans cette initiative,
attribuée à un mystérieux Comité des Sans-papiers. Renseignements
pris, ce monsieur Garel est responsable de la Commission des Verts contre
l'Extrême droite. Autant dire que c'est un spécialiste de la vigilance
antifasciste, de l'agitation médiatique et de l'inquisition idéologique.
Prudent, ce grand inquisiteur restait à l'extérieur de l'église, devant
la grande porte. Pendant ce temps, à l'intérieur, ses troupes se
massaient en silence. Près de 200 personnes. Il était environ 10 h 30,
ce 8 décembre au matin.
Un
moment désorienté, le clergé de l'Eglise a entrepris tout naturellement
de... faire son bouleau auprès de ces drôles de paroissiens. Au
programme : chapelet, cantiques et, sur le coup de midi, messe, avec
orgues s'il vous plaît. C'est la première victoire psychologique des
traditionalistes de saint-Nic. On leur a fait une réputation de "fâââchistes",
racistes et j'en passe. Voilà qu'ils prennent contact, sans heurts, avec
les "occupants", curieusement sous le charme. Les meneurs de ces
occupants, vrais-faux « sans papiers » spécialistes de l'agit'prop,
sont des vétérans de ce sport sans risque : l'occupation d'église. Mais
ils sont désorientés par ce mélange de gentillesse et de fermeté.
Certains évoquent avec nostalgie le curé de la basilique Saint-Denis,
qui, au mois d'août 2002, en des circonstances semblables, avait tenu à
leur montrer sa sympathie, en envoyant lui-même un message aux
politiques. Ils sont bientôt une trentaine à se presser autour de la
soutane de l'abbé Beauvais et le dialogue se poursuit, sous l'œil
circonspect de quelques caméras : « Nous n 'acceptons pas de servir
de relais à une revendication politique quelconque. Mais cette église
est ouverte à toutes les personnes qui viennent pour prier » déclare
le curé sans langue de bois.
Pendant
ce temps, la police a pris position autour de l'église. Personne ne peut
plus entrer ni sortir.
A
l'extérieur, alertés par un téléphone que l'on n'ose pas appeler
arabe, mais qui a apparemment très bien fonctionné, les
traditionalistes, jeunes et moins jeunes, font le pied de grue, sans
savoir comment se dénouera l'imbroglio.
Bientôt,
ils lancent un chapelet, ponctué d'appels au calme et d'avertissements
aux provocateurs, qui, bien entendu, n'ont pas manqué. Deux heures de
chants et de prières. Pas de casse. C'est la deuxième victoire
psychologique à mettre au compte des traditionalistes. Pendant ce temps,
à l'intérieur de l'église, parmi les « Sans papiers », l'heure est à
la communication. « Faites venir des journalistes, on fait une
conférence de presse et on s'en va » demandent-ils. Mentalement
gonflés à deux kilos huit par les grandes consciences gauchistes, qui
leur ont servi de mentors occultes, ils utilisent l'argumentaire qu'on
leur a fabriqué.
A-t-il
conscience du ridicule de la situation ? Pressent-il le coup foireux ?
Sylvain Garel a retiré son écharpe bicolore. Il ne tardera pas à
partir, sans demander son reste.
C'est
que les négociations se poursuivent avec succès entre les partis.
L'abbé Régis de Cacqueray. responsable en France de la Fraternité Saint
Pie X et l'abbé Xavier Beauvais, nouveau maître des lieux récemment
débarqué d'Argentine, discutent avec les forces de l'ordre. Quels
contacts ont été pris en haut-lieu. Quelle ligne privée ? Quelle
intercession ? Le fait est que le ministère de l'Intérieur propose aux
« sans papiers » un rendez-vous pour le mercredi 10 décembre. Les
gardes mobiles n'auront pas besoin de déloger les intrus, comme ils ont
été obligés de le faire, il y a deux ans, à Saint-Ambroise sur la
réquisition du cardinal Lustiger. Les « Sans papiers » sortent
calmement en évitant la porte principale où les fidèles se sont
massés. Il est environ 15 h 45. Bientôt, l'église rouvrira ses portes
à ses fidèles.
Cette
affaire aura prouvé la maturité et la détermination des
traditionalistes parisiens, qui ont montré que l'Eglise n'était pas le
ventre mou de la société civile et que les chrétiens n'avaient pas
vocation à endosser la responsabilité du travail que les politiques ne
font pas, malgré toutes leurs belles phrases ! |
Le
26 décembre
dernier, les «
Sans-papiers »
manifestaient à
Haubert Mutualité,
à côté de l'église
Saint-Nicolas. Leur but ? «
S'opposer aux menaces fascistes contre Romain Binazon »,
qui avait fait office de leader le 8 décembre
lors de l'occupation. A cette occasion, ils tiennent à réaffirmer
dans un tract largement distribué,
que «
l'occupation de Saint Nicolas du Chardonnet»
revêt
pour eux «
une dimension politique et symbolique essentielle ».
«
En occupant cette église
tenue par la mouvance intégriste,
nous voulons une nouvelle fois souligner le caractère
inséparable
du combat pour la démocratie
et de la régularisation
globale des sans-papiers. Chaque recul du Mouvement des sans papiers
signifiera une montée
des idées
populistes et fascisantes. Chaque victoire sera aussi une victoire
contre l'Extrême
droite dans toutes ses variantes ».
On
ne peut que déplorer
cette tendance des «
sans-papiers »
à
politiser leur cause, solidarisant un combat purement social avec le
destin de la démocratie
et accusant tous ceux qui ne prennent pas fait et cause pour eux d'être des fascistes. Au-delà de la ringardise de l'argumentation, il
faut bien constater, chez les rédacteurs
de tract, cette sempiternelle rhétorique
qui appelle à
la haine et qui pourrait bien finir par constituer une véritable menace pour l'ordre public en
France... |