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Saint-Nicolas et les « Sans papiers »

Georges Bourcier

Pacte n°81 - 30 décembre 2003

A Paris, on retrouve ces vibrions gauchistes et en retard de deux ou trois guerres dans tous les mauvais coups ! Coqueluche de tout ce que la capitale compte de bobos branchés, ils se savent soutenus, et pas par les pauvres ! Leur clientèle électorale est grosse de tous les nostalgiques friqués, qui se donnent l'impression, à travers eux, de revivre le temps des cerises, par procuration électorale. Forts de ce mandat implicite, ils n'hésitent donc pas à chahuter le conseil municipal ; Bertrand Delanoë craint leurs initiatives brouillonnes, sans pouvoir toujours s'y opposer, union de la gauche oblige.

Chef de file chez les Verts du XVIIIème, le Conseiller de Paris Sylvain Garel, ceint d'une écharpe bicolore, paradait donc en personne à la porte de Saint-Nicolas histoire sans doute de signaler à tout journaliste survenant qu'il n'était pas pour rien dans cette initiative, attribuée à un mystérieux Comité des Sans-papiers. Renseignements pris, ce monsieur Garel est responsable de la Commission des Verts contre l'Extrême droite. Autant dire que c'est un spécialiste de la vigilance antifasciste, de l'agitation médiatique et de l'inquisition idéologique. Prudent, ce grand inquisiteur restait à l'extérieur de l'église, devant la grande porte. Pendant ce temps, à l'intérieur, ses troupes se massaient en silence. Près de 200 personnes. Il était environ 10 h 30, ce 8 décembre au matin.

Un moment désorienté, le clergé de l'Eglise a entrepris tout naturellement de... faire son bouleau auprès de ces drôles de paroissiens. Au programme : chapelet, cantiques et, sur le coup de midi, messe, avec orgues s'il vous plaît. C'est la première victoire psychologique des traditionalistes de saint-Nic. On leur a fait une réputation de "fâââchistes", racistes et j'en passe. Voilà qu'ils prennent contact, sans heurts, avec les "occupants", curieusement sous le charme. Les meneurs de ces occupants, vrais-faux « sans papiers » spécialistes de l'agit'prop, sont des vétérans de ce sport sans risque : l'occupation d'église. Mais ils sont désorientés par ce mélange de gentillesse et de fermeté. Certains évoquent avec nostalgie le curé de la basilique Saint-Denis, qui, au mois d'août 2002, en des circonstances semblables, avait tenu à leur montrer sa sympathie, en envoyant lui-même un message aux politiques. Ils sont bientôt une trentaine à se presser autour de la soutane de l'abbé Beauvais et le dialogue se poursuit, sous l'œil circonspect de quelques caméras : « Nous n 'acceptons pas de servir de relais à une revendication politique quelconque. Mais cette église est ouverte à toutes les personnes qui viennent pour prier » déclare le curé sans langue de bois.

Pendant ce temps, la police a pris position autour de l'église. Personne ne peut plus entrer ni sortir.

A l'extérieur, alertés par un téléphone que l'on n'ose pas appeler arabe, mais qui a apparemment très bien fonctionné, les traditionalistes, jeunes et moins jeunes, font le pied de grue, sans savoir comment se dénouera l'imbroglio.

Bientôt, ils lancent un chapelet, ponctué d'appels au calme et d'avertissements aux provocateurs, qui, bien entendu, n'ont pas manqué. Deux heures de chants et de prières. Pas de casse. C'est la deuxième victoire psychologique à mettre au compte des traditionalistes. Pendant ce temps, à l'intérieur de l'église, parmi les « Sans papiers », l'heure est à la communication. « Faites venir des journalistes, on fait une conférence de presse et on s'en va » demandent-ils. Mentalement gonflés à deux kilos huit par les grandes consciences gauchistes, qui leur ont servi de mentors occultes, ils utilisent l'argumentaire qu'on leur a fabriqué.

A-t-il conscience du ridicule de la situation ? Pressent-il le coup foireux ? Sylvain Garel a retiré son écharpe bicolore. Il ne tardera pas à partir, sans demander son reste.

C'est que les négociations se poursuivent avec succès entre les partis. L'abbé Régis de Cacqueray. responsable en France de la Fraternité Saint Pie X et l'abbé Xavier Beauvais, nouveau maître des lieux récemment débarqué d'Argentine, discutent avec les forces de l'ordre. Quels contacts ont été pris en haut-lieu. Quelle ligne privée ? Quelle intercession ? Le fait est que le ministère de l'Intérieur propose aux « sans papiers » un rendez-vous pour le mercredi 10 décembre. Les gardes mobiles n'auront pas besoin de déloger les intrus, comme ils ont été obligés de le faire, il y a deux ans, à Saint-Ambroise sur la réquisition du cardinal Lustiger. Les « Sans papiers » sortent calmement en évitant la porte principale où les fidèles se sont massés. Il est environ 15 h 45. Bientôt, l'église rouvrira ses portes à ses fidèles.

Cette affaire aura prouvé la maturité et la détermination des traditionalistes parisiens, qui ont montré que l'Eglise n'était pas le ventre mou de la société civile et que les chrétiens n'avaient pas vocation à endosser la responsabilité du travail que les politiques ne font pas, malgré toutes leurs belles phrases !

Bis repetita

Le 26 décembre dernier, les « Sans-papiers » manifestaient à Haubert Mutualité, à côté de l'église Saint-Nicolas. Leur but ? « S'opposer aux menaces fascistes contre Romain Binazon », qui avait fait office de leader le 8 décembre lors de l'occupation. A cette occasion, ils tiennent à réaffirmer dans un tract largement distribué, que « l'occupation de Saint Nicolas du Chardonnet» revêt pour eux « une dimension politique et symbolique essentielle ». « En occupant cette église tenue par la mouvance intégriste, nous voulons une nouvelle fois souligner le caractère inséparable du combat pour la démocratie et de la régularisation globale des sans-papiers. Chaque recul du Mouvement des sans papiers signifiera une montée des idées populistes et fascisantes. Chaque victoire sera aussi une victoire contre l'Extrême droite dans toutes ses variantes ».

On ne peut que déplorer cette tendance des « sans-papiers » à politiser leur cause, solidarisant un combat purement social avec le destin de la démocratie et accusant tous ceux qui ne prennent pas fait et cause pour eux d'être des fascistes. Au-delà de la ringardise de l'argumentation, il faut bien constater, chez les rédacteurs de tract, cette sempiternelle rhétorique qui appelle à la haine et qui pourrait bien finir par constituer une véritable menace pour l'ordre public en France...