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Humeur - Cachez cette croix... !

Gwen Le Muezec

Pacte n°80 - 30 novembre 2003

« Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d'être offensées...» dit la trente-troisième sourate du Coran. Pour avoir prétendu respecter, d'ailleurs fort au-delà de la lettre, cette vague prescription, les jeunes Lila et Alma Lévy ont relancé la polémique sur le voile et la laïcité à la française. Faut-il une loi pour interdire le voile islamique dans les établissements scolaires ? La question est en passe de devenir l'une de ces interrogations quasi-métaphysiques dont notre microcosme politico-intellectuel est si friand.

Bien entendu, soucieux de rester en prise avec notre temps, nos évêques ne pouvaient rester en dehors de la polémique. C'est ainsi que Mgr Ricard, archevêque de Bordeaux, a voulu apporter sa modeste contribution à la controverse en affirmant que le port de la croix ne le gênait nullement chez les catholiques. Bien entendu, pour notre honorable prélat, il ne s'agit que d'une croix portée sous les vêtements. Contrairement aux apparences, le propos archiépiscopal n'est pas excessivement surréaliste. C'est ainsi que, dans la très laïque Turquie (et ce n'est pas une plaisanterie), des étudiantes musulmanes en viennent à mettre une perruque au-dessus de leur voile pour aller s'inscrire à l'université.

Saluons ici le courage de notre prélat bordelais qui se veut le défenseur d'une Eglise humble, pauvre et discrète. Ne pas se faire remarquer, ne pas faire de vagues, dissimuler sa foi comme un avare cache son trésor, tel doit être désormais le comportement du fidèle qui montrera ainsi l'exemple aux croyants des autres religions. Soyons-en sûrs, moins les catholiques se montreront, moins nous verrons de voiles, tchadors et autres burkas dans les rues de nos bonnes villes. Mais Mgr Ricard pèche par excès de prudence, et, dans le souci de « faire Eglise » (comme on dit aujourd'hui dans les séminaires), nous ne pouvons que lui indiquer de nouvelles pistes de réflexion pour une catholicité vestimentaire mieux adaptée aux exigences du temps présent L'exigence de laïcité, si bien prise en compte par le président de notre conférence épiscopale ne saurait se satisfaire de demi-mesures. Il va de soi, d'abord que la soutane, et son corollaire, le col romain (vulgairement appelé « carte de visite ») devront être impitoyablement pourchassés. Ne sont-ils pas le symbole d'un catholicisme exclusiviste, témoins abhorrés d'une Eglise hégémonique qui n'a plus sa place dans notre France moderne ? Le nouveau clergé doit être invisible. Disparaissez, croix en bois d'olivier ou portées au veston, emblèmes attentatoires à la sainte laïcité, et surtout manifestations d'un catholicisme «identitaire» aux sinistres relents de repli dogmatique, voire (horresco referens !) de traditionalisme honteux. Quant au vêtement liturgique, il ne doit pas franchir le portail des églises (et encore ! pensez aux touristes non croyants). Une fois résolu le problème du vêtement ecclésiastique, reste celui des religieux, moines, moniales et religieuses, étrangement attachés à leur habit anachronique. Après tout, quelle est la différence entre le voile de la carmélite et celui de la musulmane '. Ne sont-ils pas également signes d'aliénation (ainsi que le pensait sans doute sainte Thérèse d'Avila) ? Proscrivons donc ces oripeaux d'un autre temps. Désormais, les moines devront porter le costume cravate (point trop minable pour ne pas attirer l'attention), tandis que les bonnes sœurs iront en cheveux dans des tenues plus affriolantes. Les tenues laïques trop strictes éveilleraient une légitime suspicion. Et si l'Eglise ne doit pas être soupçonnée d'une chose, c'est bien d'intégrisme.