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Le pèlerinage comme au cinéma

Propos recueillis par Jean-Michel Hardy

Pacte n°79 - Octobre 2003

Laurent Marie, après avoir réalisé avec beaucoup de sensibilité un certain nombre des photos de notre album Saint-Nicolas-du-Chardonnet, l'expérience de la Tradition, vous avez enfin pu mettre à exécution un vieux rêve : faire un film (vidéo) sur le pèlerinage de Chartres. Un vrai film, pas une succession de plans filmés! A l'heure où l'on nous annonce que le lundi de Pentecôte ne sera plus considéré dans les entreprises comme un jour chômé, on peut dire que votre film montre le dernier pèlerinage de la Pentecôte. Qualité et nostalgie, voilà un cocktail détonnant ! Mais quel était votre objectif initial ?

Je voulais d'abord foire un film qui ne soit pas un simple documentaire, un film qui raconte le pèlerinage comme une histoire, avec un com­mencement et une fin. Pour donner un rythme à cette succession d'images, il a fallu d'abord éviter les temps de "méditations filmées", véritables temps morts pour le spectateur, qui, bien entendu, ne s'est pas mis, lui, devant son poste de télévision pour prier. Il a fallu aussi varier les séquences : dans ce but, nous avons fait un entretien exclusif avec Mgr Tissier de Mallerais. Quelques minutes plus statiques dans la longue marche des pèlerins ! Et puis, cette longue marche, j'ai voulu montrer, avec des images, comment elle s'inscrit dans la plus longue histoire de l'Eglise romaine...

Vous montrez, je crois quelques très belles photos d'archivé de différents papes du début du siècle et même, en exclusivité, un film réalisé sur le pape Léon XIII, dans tes toutes premières années du XXe siècle ?

J'ai réussi à me procurer effectivement ce film de Léon XIII, bénissant à la romaine, assis sur sa cathèdre pontificale. Le geste est émouvant ! Il s'adresse à nous, cette bénédiction parvient jusqu'à nous dans l'intemporalité du m/stère de l'Eglise, j'aurais préféré un film sur son successeur le pape saint Pie X, mais bizarrement cela n'existe pas ! Peu importe ! Il s'agissait de montrer que tous ces marcheurs marchent   pour   l'Eglise,   sans   polémiques inutiles. Leur élan le plus profond vient de Rome et y retourne. Les images que l'on peut voir sont indissociablement celles de l'Eglise d'hier et de l'Eglise d'aujourd'hui. On com­prend qu'elles sont aussi celles de l'Eglise de demain. C'était un peu le thème de ce film, montrer ce qu'il y a de profondément concret, de cuisant (nous sommes déjà dans la fameuse canicule), mais montrer aussi que ce pèlerinage est une sorte de miracle intemporel. C'est cela la Tradition au fond quand on y réfléchit : non pas le passé mais ce qui reste du temps qui passe !

Quelle est votre ambition pour ce travail ? Sur quels critères avez-vous sélectionné ces images ?

Vous avez raison d'insister sur cette sélection. À l'arrivée, après trois jours de prises de vue dans la bonne humeur et la plus grande liberté de mouvement, nous avions près de neuf heures de matériau brut, où se mêlent les visages et les chants des pèlerins, les paysages, les messes, les sermons, les veillées, les bivouacs... En sélectionnant ces images, j'ai voulu montrer avant tout que la Tradition n'était pas ringarde, que les pèlerins n'étaient pas des dinosaures nostalgiques d'une messe qui n'aurait plus cours que dans leurs souvenirs. La jeunesse a répondu présent à l'appel des organisateurs, elle est là, nombreuse et enthousiaste ! je n'ai pas cherché à me faire plaisir avec des "photos souvenirs" plus ou moins personnelles. Je crois que le cinéma, c'est toujours un spectacle. Ce qui m'a intéressé, c'est de retrouver l'élan qui pousse ces pèlerins durant trois jours, chaque année, sur les routes de Chartres. Contrairement à d'au­tres films du même genre, je n'ai pas cherché à montrer le sacré : montrer le sacré, c'est prendre le risque de la parodie, j'ai essayé simple­ment de présenter la Tradition sous son vrai jour, pour donner à tous l'envie de participer à cet élan joyeux et généreux, où il reste vrai que « l'essentiel est invisible pour les yeux. » L'essentiel est intérieur.

Le film est disponible par correspondance : 22 euros (+ 3 euros de frais de port). Laurent Marie, 113 rue Raymond Losserand, 75014 Paris