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Crise des vocations : de mal en pis !

 Abbé Bruno Schaeffer

Pacte n°78 - septembre 2003

Un nouvel exemple de l'aveuglement épiscopal nous est proposé par le texte du Père Jacques Anelli, directeur du Service national des vocations. Sous le titre « Pour des temps nouveaux proposer de devenir prêtre » il nous annonce des temps difficiles « comme un Gethsémani ecclésial ». Si pour certains la crise est derrière nous et les signes d'un redressement nombreux, ce rapport tire la sonnette d'alarme et propose « une pratique de l'appel », une « culture de l'appel », hélas inspirée de Vatican II et de la théologie du « sacerdoce commun des fidèles » et de « l'égale dignité de tous les baptisés ». *Il en appelle à une « compréhension renouvelée du ministère presbytéral », où, à partir « de ce que nous vivons aujourd'hui », les « Eglises diocésaines » connaîtront « l'aventure de la mission ».

Le point de départ de l'analyse consiste à ne pas rendre le concile responsable de la chute de vocations. L'auteur insiste « II ne s'agit pas de culpabiliser ou de trouver des coupables ». L'Eglise est victime « de la crise de transmission des.valeurs » et le drame est à attribuer « à des phénomènes de mutations de société et non à la stratégie ecclésiale. »

Quelques chiffres, laissant de côté la période précédant le Concile, font apparaître de 1975 à 1995 une certaine stabilité dans la faiblesse des entrées au séminaire : la moyenne annuelle se situe aux alentours de 230. Depuis, malgré les JMJ qui avaient fait espérer des miracles rapides, c'est « un inexorable effritement ». Le nombre des entrées en 1«" année en 2002 est de 116. De 1975 à 2002, la moyenne des ordinations est de 121, guère plus d'une par diocèse.

Parmi les explications : la disparition des petits séminaires, en 1957, 74 % des séminaristes en provenaient. Très critiquée au sein de l'Eglise, la hiérarchie accéléra leur disparition, aujourd'hui, le rapport Anelli en accuse la nouvelle carte scolaire et le déclin des sociétés rurales.

« Les acteurs de la Pastorale n'aiment pas quand l'appel se fait trop explicite » (Père Jacques Anelli, directeur du Service des vocations)

Mais c'est la rupture dont mai 1968 est l'emblème qui explique l'ampleur du désastre. L'Eglise passe d'une situation dominante au statut de minorité. Vatican II avait fait espérer à beaucoup « un renouvellement de la pastorale », un « réveil de la pratique religieuse ». Est venue, selon le Père Anelli, « une accélération de la crise et la désaffection des églises. »

Toutefois « nous devons avoir une conviction : ce n'est pas l'Eglise qui se serait mal, trop vite ou pas assez vite adaptée à la société, c'est la crise de la société qui a été plus profonde et plus radicale. » La religion est devenue une affaire privée. Les évêques y voient un gain, paraît-il, mais traduit en chiffres, cette évolution réduit la pratique dominicale de 34 % en 1961 à 8 % en 1991. Dans beaucoup de régions, elle ne dépasse pas en 2003 les 1 %. Les Dominicains de Marseille le reconnaissaient récemment pour cette ville.

L'auteur constate le parallèle entre la courbe de la pratique religieuse et celle des ordinations sacerdotales. D évoque, malgré tout, la responsabilité des institutions ecclésiastiques : « sommes-nous sûrs de donner aux jeunes la liberté défaire le choix d'être prêtre ». Ou encore dans le même registre : « les acteurs de la pastorale n'aiment pas quand l'appel se fait trop explicite. »

Solutions ? Celle de Mgr Simon : « éviter la sacralisation de la fonction presbytérale » en présentant le sacerdoce « comme un métier »... Le Père Anelli développe cette idée mirifique sur plusieurs paragraphe, dans son étrange rapport.

Il parle souvent de la nouveauté, il invoque l'espérance. Or ce qui est vraiment nouveau c'est la disparition d'un sacerdoce qui n'est plus le sacerdoce du Christ, identifié d'abord au sacrifice de la messe. Vatican II apparaîtra dans le futur comme une expérience malheureuse. Consacrons nos prières et nos efforts, non à faire vivre une caricature du sacerdoce catholique mais à retrouver le sens du sacerdoce d'un saint Curé d'Ars, d'un saint Pie X ou du Père Emmanuel.

P. Jacques Anelli, Pour des temps nouveaux, proposer de devenir prêtre, Documentation catholique, n° 2297, août 2003, p. 761/767.