Un
nouvel exemple de l'aveuglement épiscopal nous est proposé par le texte
du Père Jacques Anelli, directeur du Service national des vocations. Sous
le titre « Pour des temps nouveaux proposer de devenir prêtre » il
nous annonce des temps difficiles « comme un Gethsémani ecclésial
». Si pour certains la crise est derrière nous et les signes d'un
redressement nombreux, ce rapport tire la sonnette d'alarme et propose «
une pratique de l'appel », une « culture de l'appel », hélas
inspirée de Vatican II et de la théologie du « sacerdoce commun des
fidèles » et de « l'égale dignité de tous les baptisés ». *Il
en appelle à une « compréhension renouvelée du ministère
presbytéral », où, à partir « de ce que nous vivons
aujourd'hui », les « Eglises diocésaines » connaîtront «
l'aventure de la mission ».
Le
point de départ de l'analyse consiste à ne pas rendre le concile
responsable de la chute de vocations. L'auteur insiste « II ne s'agit
pas de culpabiliser ou de trouver des coupables ». L'Eglise est
victime « de la crise de transmission des.valeurs » et le drame
est à attribuer « à des phénomènes de mutations de société et
non à la stratégie ecclésiale. »
Quelques
chiffres, laissant de côté la période précédant le Concile, font
apparaître de 1975 à 1995 une certaine stabilité dans la faiblesse des
entrées au séminaire : la moyenne annuelle se situe aux alentours de
230. Depuis, malgré les JMJ qui avaient fait espérer des miracles
rapides, c'est « un inexorable effritement ». Le nombre des
entrées en 1«" année en 2002 est de 116. De 1975 à 2002, la
moyenne des ordinations est de 121, guère plus d'une par diocèse.
Parmi
les explications : la disparition des petits séminaires, en 1957, 74 %
des séminaristes en provenaient. Très critiquée au sein de l'Eglise, la
hiérarchie accéléra leur disparition, aujourd'hui, le rapport Anelli en
accuse la nouvelle carte scolaire et le déclin des sociétés rurales.
«
Les acteurs de la Pastorale n'aiment pas quand l'appel se fait trop
explicite » (Père Jacques Anelli, directeur du Service des vocations)
Mais
c'est la rupture dont mai 1968 est l'emblème qui explique l'ampleur du
désastre. L'Eglise passe d'une situation dominante au statut de
minorité. Vatican II avait fait espérer à beaucoup « un
renouvellement de la pastorale », un « réveil de la pratique
religieuse ». Est venue, selon le Père Anelli, « une
accélération de la crise et la désaffection des églises. »
Toutefois
« nous devons avoir une conviction : ce n'est pas l'Eglise qui se serait
mal, trop vite ou pas assez vite adaptée à la société, c'est la crise
de la société qui a été plus profonde et plus radicale. » La religion
est devenue une affaire privée. Les évêques y voient un gain,
paraît-il, mais traduit en chiffres, cette évolution réduit la pratique
dominicale de 34 % en 1961 à 8 % en 1991. Dans beaucoup de régions, elle
ne dépasse pas en 2003 les 1 %. Les Dominicains de Marseille le
reconnaissaient récemment pour cette ville.
L'auteur
constate le parallèle entre la courbe de la pratique religieuse et celle
des ordinations sacerdotales. D évoque, malgré tout, la responsabilité
des institutions ecclésiastiques : « sommes-nous sûrs de donner aux
jeunes la liberté défaire le choix d'être prêtre ». Ou encore
dans le même registre : « les acteurs de la pastorale n'aiment pas
quand l'appel se fait trop explicite. »
Solutions
? Celle de Mgr Simon : « éviter la sacralisation de la fonction
presbytérale » en présentant le sacerdoce « comme un métier
»... Le Père Anelli développe cette idée mirifique sur plusieurs
paragraphe, dans son étrange rapport.
Il
parle souvent de la nouveauté, il invoque l'espérance. Or ce qui est
vraiment nouveau c'est la disparition d'un sacerdoce qui n'est plus le
sacerdoce du Christ, identifié d'abord au sacrifice de la messe. Vatican
II apparaîtra dans le futur comme une expérience malheureuse. Consacrons
nos prières et nos efforts, non à faire vivre une caricature du
sacerdoce catholique mais à retrouver le sens du sacerdoce d'un saint
Curé d'Ars, d'un saint Pie X ou du Père Emmanuel. |